Depuis son coup d’État en mai 2021, le colonel Assimi Goïta et son équipe bénéficient d’un grand soutien populaire. Chaque jour qui passe, vient grandir davantage cet amour entre les autorités de la transition et une grande partie de la population.
Je crois, pour ma part, que ce soutien peut être comparé à une virginité qu’il faut jalousement préserver, car une fois perdue, on ne la retrouve plus.
Ce soutien est dû au fait que la grande partie de population voit en la transition l’incarnation de la liberté, du Renouveau, de la refondation comme dira le Malien lambda, Mali Koura.
Effectivement, jusqu’ici, les autorités ont adopté une position visant à donner au Mali sa noblesse, sa place dans le concert des nations. Si le soutien populaire est bien réel, il ne faudrait cependant pas le prendre comme parole d’évangile. Le Malien est un patriote dans l’âme, soutenir ses convictions ne date pas d’aujourd’hui. Je crois même qu’il est un habitué des soutiens populaires. En 2012, Aya Sanogo a expérimenté ce grand amour avant d’être chassé comme un chien dans une mosquée. IBK, en 2013, a eu le même soutien populaire avant d’être, à son tour, vomi en 2020. Citons au passage le récent président de la transition, Bah Daou. Dès sa désignation, la population l’a traité d’un patriote, d’un homme qui a du cran et qui ne se laisse pas faire. La suite est connue.
Je crois aussi que cet état de fait s’explique par la grande déception que le peuple a connue dans sa quête perpétuelle du changement. A cela, s’ajoute l’échec des hommes politiques depuis plus de 30 ans à sortir le pays de la routine. Pour l’heure, la noce se passe bien, mais les autorités doivent tout faire pour ne pas enclencher le divorce. L’histoire a aussi montré que les soutiens populaires ne résistent pas au temps, surtout lorsque celui-ci devient hostile. Les autorités ne doivent jamais perdre de vue cette réalité. Pour l’heure, le patriotisme a pris le dessus sur l’embargo qui frappe le pays, mais jusqu’à quand tiendra-t-il si aucune issue n’est trouvée entre le Mali et la CEDEAO ?
Pour paraphraser le Reggaeman ivoirien Alpha Blondy parlant du peuple : “ils s’élèvent avec des acclamations et te rabaissent avec les mêmes acclamations.” Je crois que les autorités de la transition doivent y penser par deux fois pour ne pas perdre cette virginité.
Amadingué SAGARA